Le Reboisement du Valat de la Crosse

Cet hiver, nous avons entrepris un projet de reboisement en amont du Valat de la Crosse, ce ruisseau temporaire qui traverse notre terroir de Bek à Vauvert et achemine les eaux de pluie jusqu'à Gallician. 

Malheureusement, les pratiques agricoles intensives ont clairsemé la végétation qui stabilisait ses berges et régulait le débit d'eau, entraînant érosion et risques d'inondations lors de fortes pluies.  

Face à cette observation, nous avons fait une étude de terrain qui a révélé un phénomène très encourageant : frênes, ormes, micocouliers et poiriers épineux réapparaissent spontanément le long du valat, témoignant de la résilience de cet écosystème. Les experts interrogés nous ont d’ailleurs conseillé de ne rien toucher, et de laisser la nature faire ce qu’elle sait faire de mieux : se régénérer. 

Cependant, un problème persiste : lors d'intenses précipitations, l'eau qui traverse nos parcelles s'accumule et s'accélère avant d'atteindre le ruisseau, aggravant la détérioration du valat et accessoirement embourbant nos véhicules en bas de la parcelle. 

Il nous fallait donc réfléchir à une solution. Lors de la plantation des grenaches gris et des macabeus l'hiver dernier, nous avons réservé une zone en contrebas, où convergent les écoulements. En janvier, nous y avons planté plus de 250 arbres et arbustes : 12 essences méditerranéennes, certaines déjà présentes dans le valat,  créant un système végétal à différentes strates : arbres de haut jet (frênes, micocouliers), cépées (chênes, ormes) et arbustes (aubépine, cerisier de Ste Lucie). 

Vue aérienne du Valat de la Crosse

Cette intervention offre trois bénéfices majeurs : 

Une gestion de l'eau améliorée: Les systèmes racinaires ancrent le sol, réduisant le ravinement. En ralentissant l'écoulement des eaux pluviales, cette structure végétale favorise leur infiltration, contribuant à la recharge des nappes phréatiques et diminuant le risque d'inondations. 

Un sanctuaire de biodiversité: Le bosquet devient un refuge pour la biodiversité locale. Les plantes mellifères attirent les pollinisateurs tandis que la diversité structurelle offre un habitat adapté à de nombreuses espèces. Cette biodiversité constitue un atout pour notre activité viticole : coccinelles, chrysopes, chauves-souris et oiseaux insectivores régulent naturellement les ravageurs. 

Un régulateur microclimatique: Face aux étés caniculaires, notre bosquet jouera un rôle de régulation climatique locale. La canopée formera des zones d'ombre qui modéreront les températures et limiteront l'évaporation. Les arbres protégeront également nos parcelles du Mistral. 

Cette initiative s'inscrit dans notre démarche vers une agriculture qui restaure les processus naturels et travaille avec la nature plutôt que de la contraindre. Ce qui enrichit nos écosystèmes et protège nos ressources renforce la résilience de nos cultures. C'est cette interdépendance fondamentale qui nous motive à imaginer des solutions vivantes, adaptées à notre terroir, qui protègent à la fois notre environnement et notre avenir agricole.